:

bouton sondage

Avertissement

29 mars 2018

Soumission et estime de soi


 Comme le titre l'indique, je veux aujourd'hui parler de l'estime de soi chez les soumis(es) ou plutôt du manque d'estime de soi.

Faut-il avoir vécu un traumatisme pour en arriver à se soumettre? Un(e) soumis(e) est-il/elle un être foncièrement mal dans sa peau? Se soumettre est-ce forcément rechercher l'humiliation, la dégradation, la souffrance
Et dans ce cas, qu'en est-il des Doms dans tout cela: que cherchent-ils? Quelqu'un à humilier à loisir? Entraîner encore plus bas celui/celle qui se sent déjà moins que rien? Ou autre chose?

 La question du traumatisme et du manque d'estime de soi qui mène au BDSM, nous l'avons tous vue ou entendue un jour... que ce soit dans "50 nuances..." où l'homme, dont la mère biologique était une droguée, "exorcise" son mal-être en devenant, encore adolescent, le soumis d'une Mrs. Robinson Dominatrice puis à son tour Dom; dans "la Secrétaire" (au demeurant un très beau film) où l’héroïne est une jeune femme qui se scarifie et qui finit par trouver dans la soumission une catharsis libératrice ou plus simplement dans l'esprit et les propos de beaucoup de personnes qui ne connaissent du BDSM  que l'image d'Épinal :"il faut avoir vécu un truc terrible pour en arriver là". Chose plus étonnante, cette question, je l'ai aussi entendu en Munch. 
Bref, on n'est pas loin du raccourci psychologique qui dit qu'une victime est destinée à reproduire le schéma de sa victimisation dans chacune de ses relations, faisant ainsi des soumis des personnes qui choisissent de se mettre dans une situation de souffrance parce que c'est tout ce qu'ils/elles connaissent.

 D’après ce que j'ai pu constater, dans ma toute petite expérience en tant que Dominatrice et en tant qu'observatrice des comportements des uns et des autres aussi bien en réel qu'en virtuel, il y a en effet beaucoup de personnes mal (voir très mal) dans leur peau (comme on dit). Je ne saurai pourtant dire si la proportion est plus important dans notre "petit" monde que dans le reste de la société.
Cependant, en effet, aux vues de nos pratiques, il est évident que les personnes qui sont déjà fragiles peuvent l'être encore plus, soit à cause de leurs propres quêtes soit à cause de l'influence de Doms peu scrupuleux ou juste non attentifs.


 Les Doms justement...
Eh bien que dire... sinon que je suis souvent étonnée d'entendre ou de rencontrer des soumis(es) qui pendant ou après une relation même de longue durée traînent toujours une image déplorable d'eux/elles-même ou de lire des phrases du type "Je n'existe qu'à travers lui".

 Alors bien sur, comme l'a dit un Dom sur son blog il y a peu, les Dominants ne sont pas des psy et ils n'ont pas non plus vocation à résoudre les troubles psychologiques de leurs partenaires de jeux. 
Cependant, je suis convaincue que sur le plan de l'estime de soi nous pouvons, par notre manière de dominer la personne, apporter quelque chose de bénéfique. Alors, pourquoi ne pas tout faire pour que la personne que nous dominons acquiert cette confiance et cette estime d'elle qui lui font défaut?
Mais, bien entendu, pour qu'un(e) Dom soit dans cette démarche, encore faut-il qu'il ne pense pas qu'à lui, qu'à son propre plaisir quand il domine. Qu'un(e) Dom soit avant tout dans la bienveillance à l’égard de celui/celle qui s'offre.

Voici des exemples qui vous parlerons bien mieux que de longues explications: celui d'une soumise qui manque de confiance en elle à cause de ses rondeurs. La soumise explique à son Maître, qu'elle voudrait participer à un gang-bang pour se sentir désirer par plusieurs hommes. Que feriez-vous à la place du Maître?
Organiseriez-vous un gang-bang avec des hommes qui aiment les femmes rondes (ce qui lui apporterait peut-être une satisfaction immédiate)? privilégieriez-vous une action dont le résultat serait plus durable en imposant à la soumise un régime et quelques exercices de sport... Ainsi, il y aurait pour elle 
non seulement la fierté d'avoir réussi  à suivre les règles strictes qui lui seraient imposées mais aussi la satisfaction de perdre du poids et d’avoir ainsi un corps qui lui plaise et avec lequel elle se sentirait plus à l'aise. Et, bien entendu, après, rien n’empêche de ré-envisager la réalisation de son envie....si elle l'a toujours.

  Un autre exemple: un soumis qui doute tellement de lui qu'il n'ose passer un concours, trop convaincu d’échouer. Pourquoi ne pas lui imposer un programme drastique de révisions afin que cela mette toutes les chances de son coté pour la réussite de son concours?



  Comme vous l'avez compris, je pense qu'un Dominant peut faire progresser un(e) soumis(e) bien au-delà des pratiques BDSM. Et que se soumettre peut permettre à quelqu'un d'avancer sur le plan personnel.
  Alors, je m'interroge: comment expliquer qu'il y ait autant de personnes qui se mésestiment bien qu'elles aient déjà vécus plusieurs relations D/s? 
S'agit-il des Doms qui ne recherchent que leur satisfaction personnelle? Une solution de facilité que de dominer quelqu'un dont l'ego est déjà mal-en-point?  Ou des soumis(es) qui vont systématiquement vers ceux/celles qui vont leur permettent de se complaire dans leur mal-être? Est-ce la seule façon qu'ils/elles ont trouvé d'exister, même mal, même au risque de se perdre encore plus?
   
  Bref, vous le constatez, il reste plus de questions que de réponses...




Lady Agnès


4 commentaires

  1. Si je puis me permettre, je crois surtout que la communauté BDSM, par nature, met en évidence les traumatismes passés (chez les Doms comme chez les soumis) par l'intensité extrême de la relation (confiance extrême, don de soi extrême [y compris par les Doms], etc.). Je ne suis pas convaincu qu'il y ait plus de personnes mal dans leur peau dans le BDSM qu'ailleurs.

    Par contre je ne crois pas non plus qu'il y en ait moins, ou que le BDSM "soigne". Qu'une relation (vanille ou BDSM) puisse aider, sûrement, mais comme cela avait été évoqué (et fait débat) au Dîner-Débat de PariS-M sur les dangers du BDSM, il ne faut pas chercher dans le BDSM une thérapie.

    Pour moi qui vois le BDSM comme une relation à long terme (par opposition à des séances par exemple), c'est la relation et pas le BDSM qui peut soutenir, aider, etc.

    Et pour répondre à l'une des questions initiales de cet article, non, il n'est pas nécessaire d'être mal dans sa peau pour être soumis.

    ===

    Respectueusement,

    β

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout d'abord merci pour votre commentaire.

      "c'est la relation et pas le BDSM qui peut soutenir, aider, etc."
      Je suis tout à fait d'accord avec vous sur ce point, c'est d'ailleurs en creux ce que j'ai essayé de dire à travers ce texte et à travers différents de mes écrits, la relation BDSM est avant tout une relation humaine...
      Et certaines de mes questions dans ce texte sous-entendent
      "Où est l'humain dans certaines relations D/s? Où est la simple bienveillance? " ...

      Supprimer
  2. Tiens c’est un sujet qui tombe à pic (car une amie m’en parlais pas plus tard que cette après-midi : tu as eu un troma c’est pour ça que tu es attiré par le bdsm mais tu ne te souviens plus de ton troma ou n’en a plus conscience, voilà en gros la pensé de mon intervenante) mais si je commence à répondre j’ai peur qu’on me reproche encore de faire de trop long commentaire haha. Celui-ci était au final déjà long.

    Globallement je partage l'avis plus haut.

    RépondreSupprimer
  3. Je ne me sens pas un modèle d'estime de moi, bien au contraire. Et je me suis longtemps demandé ce qui avait initié cette recherche de soumission. A vrai dire, rien dans mon passé ne me permet à ce jour de l'expliquer. Et pourtant cela remonte très loin dans ma construction personnelle.

    Pour ma part je pense que ces deux notions ne sont absolument pas liées, juste que ce sont deux composantes de ma personnalité. Par contre, dans le cadre d'une relation D/s cette composante de ma personnalité est peut-être plus visible que dans la vie professionnelle ou vanille, parce que l'on est sans masque dans sa soumission.

    Pour revenir au manque d'estime de soi, de mon point de vue, c'est plutôt un obstacle a l'épanouissement dans sa soumission.

    Corriger une problématique d'estime de soi à travers l'éducation, pour permettre au soumis de se dépasser et de progresser, a beaucoup de sens.

    Par contre je rejoins le précédent témoignage sur le fait qu'une relation riche et épanouissante permet de gagner cette estime de soi. Mais une relation vanille, amicale, ou autre peut le permettre aussi, je pense.

    RépondreSupprimer