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Des belles rencontres dans ce monde BDSM par A.



Vivre son attirance pour la soumission, c’est souvent, comme dans la vie de tous les jours, rencontrer bon nombre de personnes, au gré de divers moments. Il est des temps de vie où l’on est prêt à sauter le pas, d’autres où ce n’est pas le cas ; et surtout, comme dans le monde « vanille », les gens sont plus ou moins sincères, se mettent plus ou moins en scène… quand bien même cette construction de soi serait ou non volontaire, ils ont plus ou moins de choses à dire. C’est ainsi une sorte de quadrature du cercle : rencontrer des gens intéressants au moment opportun. Aussi, quand la vie nous en donne l’occasion, on essaye de la saisir au mieux.
Récemment, j’ai eu le bonheur de découvrir sur un site BDSM une personne dont j’observais la page facebook, le blog, et le compte sur d’autres sites BDSM depuis un certain temps. Je parle d’une découverte à ce moment là car si j’avais eu l’occasion de lire son blog, d’entrevoir qui était cette personne, de lire avec plaisir quelqu’un qui ne se met pas en scène, honnête, et qui paraît habitée d’une grande empathie, il n’y a que le fait d’avoir eu, à un moment, le courage d’écrire à cette Dame qui a pu me montrer à quel point c’était une rencontre chanceuse.
Depuis quelques mois, le blog de Lady Agnès attirait en effet mon attention, cela semblait le site de quelqu’un qui ne cherche pas à être réduit à une attirance pour la domination, qui ne se cache pas derrière une fonction, ce que trop de gens font dans ce monde. J’aimais lire une prose que j’aurais pu trouver chez toute personne parlant à visage découvert de sa passion. C’est amusant, souvent, j’ai eu le sentiment que de même que la nature de Dominatrice, de soumis, nos attirances pour l’un ou l’autre étaient aussi bien cachées dans, notre vie de tous les jours, par les conventions sociales, qu’elles cachaient, une fois la porte du monde BDSM poussé, notre vie de tous les jours ; la nature soumise ou Dominante devenait ainsi un masque à la réalité de notre être.
Là, c’était le contraire, Lady Agnès voulait entendre parler de vécu, de plaisirs de tous les jours, de livres lus et de musiques aimées, elle souhaitait que l’on s’adresse à elle comme à une Femme certes Dominante, mais une Femme avant tout, elle faisait exploser cette sorte de cloison si peu légitime entre la vie et le BDSM. Peut-être est-ce là ce qui attirait autant en elle : Lady Agnès avait, dans ce monde un peu papier glacé et m’as-tu vu, à travers son attitude et ses écrits, un furieux parfum… de vie.
Voilà donc que je lui écris un message sur le site en question, en lui demandant si elle voulait bien m’ajouter à ses contacts, et, surprise, alors que je me disais depuis des mois que je n’avais aucune chance d’attirer son attention, voici que mon invitation est acceptée et que Madame m’en demande plus sur moi. Bien évidemment, les mauvais réflexes ont pris le dessus. Alors que c’est bien parce que Lady Agnès était éloignée de ce monde où on n’existe que par un rôle créé que j’avais été attiré, je n’ai rien eu de plus « malin » à faire que me précipiter sur une présentation en tant que « soumis », voilà de quoi constater que les tendances ont la vie dure. Madame m’a corrigé et j’ai ainsi senti qu’il me faudrait réfléchir avant de lui répondre, ou plutôt justement être moi-même, de manière un peu plus réelle et complexe, et cesser de me cacher derrière mon seul masque de soumis.
C’était alors un échange qui commençait, il me permettait de découvrir que Lady Agnès n’avait pas uniquement envie que l’on se soucie d’elle en tant que personne, mais que ce désir légitime était amplement en regard avec le fait qu’elle considérait ses interlocuteurs comme des personnes à part entière. Du portrait qu’elle me dessinait de sa personne à son intérêt pour le voyage que je vivais alors, du questionnement pour ce qui m’a plu sur son blog à une remarque sur le goût du froid que nous semblons ne pas partager ; et soudain, une remarque sur un sadisme que Madame n’aurait pas à forcer au quotidien, présentée non pas comme une menace, une promesse (bien qu’aussi pris comme tel) ou la construction d’une image, mais simplement une réalité de l’identité de Madame. Ce trait de caractère de Lady Agnès offert comme un don, il était normal que celle-ci exige un contre-don : Lady souhaitait une photo de moi, sans le visage.
Nous étions là à un moment où j’ai cru que notre échange allait cesser. Si j’essaye d’être moi-même dans ce monde BDSM, il est une chose que j’attends le plus longtemps possible avant de révéler : étant doté d’un physique particulièrement disgracieux, j’essaye de le cacher derrière de l’humour, le fait d’essayer de ne pas toujours être trop idiot, et des photos cadrées sur mon visage en clair obscur. En fait, essayant de cacher le plus possible ce mètre ventru et disgracieux qui me précède, la demande de mise à nu de Lady me semblait redoutable. Encore une fois, je m’étais bien trompé : certes, Madame se disait « peu habituée au format », mais à nouveau, elle me montrait à quel point elle était cohérente avec la profonde humanité qui émanait de son blog et je voyais que c’était bel et bien autrement qu’il me fallait penser le monde BDSM lorsque je dialoguais avec elle. À ce moment là, j’étais pleinement conscient de mon privilège à échanger avec elle et prêt à tout pour avoir une chance de la servir. Si Madame me disait de ne pas anticiper ses désirs et de ne pas mettre plus vite que nécessaire le doigt dans l’engrenage de l’obéissance et de la soumission, afin de ne pas regretter ma démarche, voilà pourtant que je ne demandais que cela, tout en regrettant, à la première demande de Lady, à un moment où j’étais encore en voyage, de ne pouvoir lui parler au téléphone. À mon retour, le bonheur d’avoir eu Lady au téléphone a été un moment merveilleux, une voix douce et ferme, sonore et chaleureuse à la fois, à l’image de l’être de réalité et de vie avec qui j’échangeais : le genre de personnes passionnantes aussi bien que passionnées.
Si je n’ai eu le plaisir de servir Lady, je sais maintenant sa valeur, combien cette rencontre est une chance à même de me rendre meilleur comme être humain, comme homme et dans ma soumission. Il est de belles rencontres dans ce monde BDSM, de belles personnes, et puis, au diable l’étiquette BDSM, il est tout simplement des gens moraux, intègres, plein d’humour et d’empathie, des gens qui songent aussi bien à leurs plaisirs (prioritaires) qu’au bien être de leurs interlocuteurs, des gens qui donnent le sentiment à tout soumis ou à tout homme d’être éduqués ou formés profondément pour leur bien… il est des gens que l’on ne peut que remercier, pour tout, d’être eux, et d’être une part profonde et vibrante de vie.
MERCI.


A.


2 commentaires

  1. Un très beau texte et quelques réalités très belles et rassurantes à lire. Merci à l'auteur.

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  2. L'ensemble de ce blog prend encore plus de sens avec cet avis extérieur : il complète parfaitement Vos propos et aide à comprendre ce lien de confiance que Vous savez construire (et la réciprocité essentielle à Vous renvoyer). Merci pour ce genre de témoignage.

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